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LETTRISME : commentaires d'oeuvres
24 mars 2009

Maurice Lemaître, "Sculpture inimaginable", 1964

caisse


Alors qu'Isou, huit ans auparavant, proposait une oeuvre rattachée au domaine de la peinture (voir note ci-dessous), Maurice Lemaître lui, s'attaque à la sculpture avec Sculpture inimaginable. Cette oeuvre, présentée à Paris en 1964 au Salon Comparaison, est constituée d'une grande caisse en bois hermétiquement close posée sur un socle. Des caractères typographiques sont inscrits au pochoir sur l'une des faces et composent : « sculpture inimaginable-Lemaître ».

L'oeuvre reprend la « recette » de l'Art infinitésimal : un support concret (la caisse) pour imaginer autre chose (la sculpture dite « inimaginable »). Cette oeuvre, bien que fonctionnant a priori selon le même processus que celle d'Isou, est en réalité quelque peu différente. En effet, alors que la toile vierge offrait la liberté d'imaginer une infinité de contenus, potentiellement concevables, la caisse fermée renvoie, elle, à un contenu précis, une sculpture. De plus, la mention « inimaginable » indique que l'hypothétique forme enfermée est de toute façon, quelques soient les efforts du spectateur, impossible à concevoir.

Autre différence de taille :tandis que dans l'oeuvre d'Isou, le support est vierge, le spectateur seul ayant la charge de remplir cette surface par le seul biais de son imagination, Sculpture inimaginable fait référence à quelque chose qui préexiste à l'imaginaire du spectateur, on sait qu'un objet est enfermé dans cette caisse, une forme mystérieuse et indicible que l'on cherche à appréhender, même si cette quête est perdue d'avance.

La frustration engendrée par l'oeuvre de Lemaître suscite paradoxalement l'excitation mentale du spectateur. Le confronter au mystère, à quelque chose qui pourrait être accessible mais qui ne le sera jamais, renforce en lui le désir de découvrir, de spéculer sur la nature de cet objet. Ce concept d'inimaginable apparaît ici comme un stimulus qui va exciter l'imaginaire du spectateur, l'embarquer dans une aventure esthétique suprasensible destinée à approcher l'inconnaissable.

Damien Dion, le 24 mars 2009

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